Vidéos des matchs des équipes adverses, rencontres avec l’entraîneur seul à seul dans son bureau, préparation mentale en vue du gros match qui s’en vient; autant d’éléments qui peuvent laisser croire à un gardien de but qu’il sera devant le filet. Mais pas pour Steve Penney.
En 1984, lorsque Penney a fait le voyage vers Boston pour le début des séries éliminatoires, le gardien recrue était loin de se douter de la tournure qu’allait prendre sa carrière, lui qui n’avait jusque-là disputé que quatre matchs en saison régulière, tous des revers de surcroît.
« Jacques Lemaire m’a posé une question en apparence anodine, mais qui a complètement changé ma vie », mentionne Penney. « Nous étions tout simplement à Boston pour le premier match des séries éliminatoires. Comme avant toutes les parties, on participe à l’entraînement d’avant-match. On était tous les trois sur la glace, Richard Sévigny, Rick Wamsley et moi. Étant donné que j’étais une recrue, je n’avais aucun stress sur les épaules. Je ne devais pas jouer.»
C’est alors que le gardien de but alors âgé de 23 ans a eu la surprise de sa vie.
«On patinait en rond, l’entraînement venait de commencer », a poursuivi Penney. « Lemaire s’approche de moi, me regarde et il me dit tout simplement : "Ça te tente-tu de goaler à soir? " »
La réaction de Penney a été empreinte d’appréhension et d’incompréhension.
«Tu es dans la LNH, ça a l’air gros, énormément gros et c’est énorme effectivement. Mais juste comme ça, je venais de me faire offrir le poste de gardien partant. Je l’ai regardé avec un peu d’appréhension avant de dire oui! » se souvient Penney.
Au final, la décision de Lemaire de faire appel à Penney s’est avérée payante, des dires mêmes du principal intéressé.
« Finalement, il faut croire que c’était la façon de faire puisqu’on a battu les Bruins en trois matchs (à l’époque, les séries étaient des trois de cinq), alors que c’était vraiment l’équipe qui partait favorite » affirme le cerbère qui n’a fait qu’une bouchée des Nordiques dans la ronde suivante, obtenant même deux blanchissages au cours des deux premières rondes de séries.
« Je me suis vraiment demandé jusqu’à l’année suivante si ça fonctionnait toujours comme ça. L’année suivante, je me suis bien rendu compte qu’il y a avait tout un processus autour du choix d’un gardien de but ».
Il s’agissait de tout un défi et c’est avec brio que Penney a réussi le test. Il faut bien commencer sa carrière à un moment où à un autre !