Pour entreprendre une carrière professionnelle dans le hockey, il faut bien sûr avoir du talent, mais il faut parfois être à la bonne la place au bon moment. La chance de prouver sa valeur est d’une importance capitale en début de carrière.
Durant la saison 1984-1985, après avoir été repêché par les Canadiens de Montréal, le jeune Patrick Roy s’est amené en renfort avec le club-école des Canadiens à Sherbrooke, après une saison de 16 victoires, 25 défaites et une nulle avec son équipe junior, les Bisons de Granby.
Avec Sherbrooke, il participe à un seul match en saison régulière, relégué au poste de troisième gardien de l’équipe, derrière Paul Pageau et Greg Moffett. Le bonheur des uns fait parfois le bonheur des autres. À la veille des séries éliminatoires de la coupe Calder de 1985, Roy s’approche lentement de son rêve; la femme de Paul Pageau accouche et le gardien numéro 1 de l’organisation décide de l’assister.
Moffett est alors appelé à prendre la relève. Avant le quatrième match de la première série, contre l’Express de Fredericton, Patrick Roy a fait une confession à son coéquipier Gaston Gingras.
« Ce soir-là, un peu avant le match, Roy vient me voir et on discute du match à venir. C’est alors qu’il me dit : je joue ce soir », affirme Gingras qui a alors répondu le plus simplement du monde : « Je lui ai dit qu’il y avait deux gardiens en avant de lui et que c’était peu probable qu’il embarque sur la patinoire. »
Malgré qu’il ne soit pas en uniforme, la possibilité de faire jouer Pageau restait toujours présente.
Le match s’amorce et c’est bel et bien avec Moffett devant la cage des Canadiens de Sherbrooke. Après la première période, la marque est de 2 à 0 pour l’Express. C’est exactement à ce moment que l’impensable s’est produit. Un bris d’équipement oblige Moffett à se retirer du match, une lanière de ses jambières étant sectionnée.
Après un petit conciliabule entre l’entraîneur-chef Pierre Creamer et celui des gardiens de but François Allaire, la décision est prise d’envoyer dans la mêlée le jeune Roy.
« Nous perdions le match 2 à 0. Patrick a alors fait deux ou trois bons arrêts et ça a été assez pour convaincre l’entraîneur de l’époque Pierre Creamer de le laisser dans les buts », affirme Gingras.
À partir de ce moment, Roy est devenu l’homme de confiance et a prouvé que malgré sa jeunesse, il était un gardien de but hors pair, présentant une fiche de 10 victoires et trois défaites en séries, menant les petits Canadiens à la coupe Calder.
« J’ai demandé à Patrick de m’expliquer ce qui était arrivé avec la jambière de Moffett. La seule réponse à laquelle j’ai eu droit, c’est un petit sourire en coin », prétend Gingras. « J’ai toujours douté et je doute encore aujourd'hui ».