Certaines choses dans la vie ne s’oublient pas : ses premiers pas, son premier baiser et surtout ses premiers coups de patin dans la LNH.
Tandis que la planète était encore sous le choc de l’assassinat de John F. Kennedy, pour Yvan Cournoyer, ce jour est arrivé le 28 novembre 1963. Quarante-cinq ans plus tard, ce jour est encore aussi frais qu’un pain chaud dans sa mémoire.
« Je n’avais que 19 ans. Les dirigeants des Canadiens m’ont appelé la veille et ils m’ont dit : ‘Tu t’en vas à Détroit pour rejoindre l’équipe qui joue un match demain », a indiqué Cournoyer qui brûlait l’Association de hockey de l’Ontario avec les Canadiens Jr. au moment de son rappel. « Tu ne peux tout simplement pas oublier la première fois que tu as été appelé pour te faire dire que tu t’en viens jouer avec les Canadiens.»
Arborant pour l’occasion le dossard numéro 25, lui qui popularisera le numéro 12 pour le reste de sa carrière, le futur membre Temple de la renommée ne se rendait pas à Détroit pour affronter des tirs-pois, même si la formation de la Ville de l’automobile connaissait un difficile début de saison avec une fiche de 6-9-2.
« Tu penses aux Red Wings, tu penses tout de suite que tu vas affronter de grands noms du hockey », a poursuivi Cournoyer. « Disputer son premier match contre Gordie Howe, Ted Lindsay, Alex Delvecchio et Terry Sawchuk, c’est assez incroyable. »
Campé de Gilles Tremblay à l’aile gauche et du vétéran Robert Rousseau au centre, celui qui sera surnommé le « Roadrunner » ne tardera pas à se mettre en évidence.
Alors que la marque est de 6 à 3 en fin de troisième période, Cournoyer se fait complice de la manœuvre orchestrée par Rousseau et Dave Balon pour faire scintiller la lumière rouge. Harrison Gray, appelé en relève à Sawchuk, après la première période, devient alors la victime du premier des 428 buts de Cournoyer dans la LNH.
« Même si j’ai inscrit le septième but, j’ai toujours dit que j’avais marqué le but gagnant », a lancé Cournoyer, tout sourire. « C’était un rêve de jouer pour les Canadiens. Il faut être extrêmement chanceux lorsque tu peux dire que ton rêve s’est réalisé. J’ai eu la chance de le vivre pas seulement pour une partie, mais pour 16 saisons. »
Cournoyer a ainsi terminé le premier match de sa carrière avec quatre tirs au but et un différentiel de +/-3, de quoi laisser plus qu’une bonne impression à l’état-major du Tricolore.
« Je n’ai disputé que cinq parties cette année-là, sinon l’équipe aurait été dans l’obligation de me faire de la place sur la liste de protection », a renchéri Cournoyer qui en avait toutefois profité pour marquer trois autres buts. « Le directeur-gérant de l’époque Frank Selke m’a plus tard dit que s’il m’avait mis sous contrat tout de suite, nous aurions gagné une autre coupe Stanley. »
Ce n’était que partie remise pour celui qui mettra la main dix fois sur le Saint-Graal du hockey.