La Suède a volé la vedette à Montréal

MONTREAL - La LNH va se faire donner un bon massage suédois au cours des prochaines années. Un nombre sans précédent de joueurs de ce pays scandinave ont été repêchés au Centre Bell au cours du week-end.

En tout, 24 des 53 joueurs d'Europe réclamés proviennent de ce pays. C'est là un sommet sans précédent, mais tout de même pas si extraordinaire. Après tout, on avait dépassé la quinzaine de Suédois repêchés dans 12 des 13 années précédentes, atteignant même la vingtaine en 1999 (22) et 2000 (23).

Sauf que sept Suédois ont été choisis au premier tour tenu vendredi soir, du jamais vu. En fait, les sept Européens réclamés dans cette première ronde provenaient de la Suède.

Selon Al Murray, dépisteur-chef du programme d'excellence de Hockey Canada, les Suédois sont devenus plus attrayants parce qu'ils sont maintenant mieux en mesure de se fondre dans une équipe.

"Ils ont toujours eu des joueurs talentueux, mais leur jeu collectif s'est amélioré", dit-il.

Victor Hedman, choisi au deuxième rang par le Lightning de Tampa Bay, vendredi, a aussi parlé d'un changement important de mentalité, qui profite à la génération actuelle.

"La façon d'organiser les entraînements pour les jeunes a changé, affirme le grand défenseur. On enseigne les tactiques d'équipe à un jeune âge, pour favoriser un meilleur jeu collectif. Mais c'est surtout la mentalité des joueurs qui a changé. On a davantage une mentalité de gagnants. On se contente de moins."

Il a fallu que les Islanders de New York réclament Mikko Koskinen, un Finlandais, au premier rang du deuxième tour, pour mettre fin à l'hégémonie suédoise.

Koskinen a du même coup été le premier gardien choisi de la séance complétée samedi, avec la tenue des deuxième à septième rondes.

Le premier gardien en troisième ronde

Matthew Hackett, le neveu de Jeff Hackett, était le gardien nord-américain le mieux classé. Il a effectivement été le premier gardien d'ici à être réclamé, mais seulement après quatre gardiens européens, dont deux suédois. Il a été choisi par le Wild du Minnesota au 16e rang du troisième tour, 77e au total.

Outre les Suédois, les Finlandais (10) et les Russes (7) ont été les Européens les plus souvents réclamés. Il y a eu 102 Canadiens choisis et 55 Américains. Vingt-trois athlètes de la LHJMQ ont été réclamés.

C'est la troisième année de suite que moins d'une dizaine de Russes sont répêchés. Il y a plus qu'un creux de vague dans le bassin de talent qui est en cause. L'absence d'entente sur les transferts entre la LNH et la KHL a fait hésiter bien des équipes.

Par ailleurs, plus d'une dizaine de fils d'anciens hockeyeurs professionnels ont été repêchés. Parmi eux, Ryan Bourque, le fils de Raymond qui jouera pour les Remparts de Québec la saison prochaine. Il appartient maintenant aux Rangers de New York.

A eux seuls, les Penguins ont choisi trois jeunes au sang royal, soit les fils d'Ulf Samuelsson (Philip) et Randy Velischek (Alex), ainsi que le petit-fils d'Andy Bathgate, qui s'appelle aussi Andy.

A l'instar de la veille, alors que Chris Pronger a été échangé, une seule transaction d'importance a été complétée avant ou pendant la séance, samedi. Les Flames de Calgary ont obtenu le droit de négocier avec Jay Bouwmeester, le défenseur des Panthers de la Floride. Ceux-ci ont obtenu des Flames le même privilège dans le cas du défenseur Jordan Leopold.

Les deux joueurs pourraient devenir joueurs autonomes sans compensation, le 1er juillet.

Dans la transaction, les Panthers ont aussi obtenu le choix de troisième ronde des Flames en vue de la séance de samedi, au 67e rang.

La journée des Suédois

Reste que ce sont les Suédois qui ont été à l'honneur en ce week-end du repêchage. Cette récolte généreuse est loin d'être l'effet du hasard, selon des observateurs intéressés de la scène européenne, dont Clément Jodoin, entraîneur de l'Océanic de Rimouski, et Claude Carrier, recruteur chez les Devils du New Jersey.

"Il y a trois ans, les Suédois se sont repris en mains, souligne Jodoin. Ils ont fait du remue-méninges. Dans leurs 14 régions, ils ont délégué des gens qui ont montré, en personne sur la glace, aux entraîneurs locaux la nouvelle façon de faire des entraînements. Et on ne commence plus à mettre les nouvelles méthodes en pratique qu'à 17 ou 18 ans, mais dès le bas âge.

"En gros, on fait moins d'exercices, mais ceux-ci sont plus efficaces, davantage orientés vers la compétition, ajoute Jodoin. On développe des joueurs moins flamboyants, mais plus efficaces."

"Les jeunes sont au coeur de leurs préoccupations, dit Carrier. On les laisse jouer. On n'essaie pas trop de s'ingérer dans la progression de leurs habiletés naturelles."